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Le trafic d’œufs, la nouvelle tendance aux États-Unis

La hausse spectaculaire des prix des oeufs à cause de la grippe aviaire semble être une des causes de ce trafic d'un nouveau genre.

Les autorités aux frontières rapportent saisir de plus en plus d’œufs de contrebande. Une conséquence directe à la crise de production aux États-Unis.

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On savait les gardes-frontières américains sur les dents pour empêcher l’entrée d’immigrants illégaux ou de drogues, mais on les connaissait moins pour la chasse aux œufs. C’est pourtant une tendance qui prend de l’ampleur, les œufs de contrebande font une entrée fracassante dans les chiffres des saisies douanières.

Les autorités rapportent que leur bureau de San Diego, près de la frontière mexicaine, avait observé une hausse de 158 % des œufs interceptés depuis le début de l’année. Toujours au sud, près d’El Paso au Texas, 90 personnes ont été interpellées depuis janvier 2025 en tentant de faire transiter des œufs mexicains vers les États-Unis. Au niveau national, c’est une augmentation de 29 % par rapport à l’année dernière.

Une chute brutale de production

Si ce trafic devient lucratif, c’est que le pays continue de souffrir d’un approvisionnement en œuf difficile, conséquence directe de la grippe aviaire. Depuis janvier 2025, 30 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées à cause de la maladie. En 2024, le pays avait produit 108,5 milliards d’œufs, soit plus de1,1 milliard de moins que 2023. C’est une chute brutale depuis le pic de 2019 à 113,2 milliards d’œufs.

Plus concrètement pour le consommateur américain, la douzaine d’œufs est passée de moins d’un dollar en janvier 2021 à près de 6 dollars à la fin de février 2025, contrariant les promesses de campagne du candidat Donald Trump de faire baisser les prix alimentaires dès son élection.

Le département de la Justice s’en mêle

Selon le média ABC, le département de la Justice (DoJ) désormais sous l’administration de Donald Trump, aurait lancé des investigations chez les principaux producteurs du pays. L’objectif, selon la même source, déterminer si une partie de la hausse des prix ne serait pas artificielle et si une entente pourrait aussi avoir eu lieu entre les acteurs.

Une suspicion balayée par Emily Metz, présidente de l'American Egg Board, la représentation de la filière au niveau national. « Cela n’a rien à voir avec autre chose que la grippe aviaire. Et je pense que suggérer autre chose serait une interprétation erronée des faits et de la réalité », s’est-elle exprimée auprès d’Associated Press. « Nos agriculteurs mènent un combat de tous les instants. Et ils font tout ce qu’ils peuvent pour assurer la sécurité des volailles. C’est un problème d’approvisionnement. À cause de la grippe aviaire. Rien d’autre », a-t-elle ajouté.

Suspicion d’entente commerciale

L’organisation de défense des petits producteurs Farm Action n’est pas convaincue par les arguments de la filière et a salué l’enquête lancée par le DoJ. « Même si la grippe aviaire est réelle, elle ne justifie pas les prix pratiqués dans les supermarchés », a-t-elle analysé. « Les preuves indiquent qu’en n’augmentant pas leur offre, les cinq principales entreprises d’œufs maintiennent les prix à un niveau élevé tout en publiant des augmentations spectaculaires de leurs bénéfices », peste l’association.

Pour eux, le doute n’est pas permis, une entente serait belle et bien à la manœuvre. « La lente reprise de l’augmentation de la taille des élevages, malgré des prix historiquement élevés, suggère en outre des efforts coordonnés pour restreindre l’offre et maintenir des prix gonflés ».

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